L'association Actions de Solidarité Internationale, ONG créée
en 1983, (voir son site
Internet) soutient des programmes de développement dans les domaines de la
santé et du handicap, de la petite entreprise artisanale, du développement
rural, de l'alphabétisation, de l'appui aux structures locales de développement
et de l'enfance en difficulté. ASI travaille pour un développement
solidaire.
Pour cette rentrée 2006, les magasins FNAC s'associent à ASI avec une action de
solidarité numérique intitulée : "Rapporter, ça rapporte!". Du 15 août au 30
septembre, rapportez vos anciens cédéroms scolaires, la FNAC offre 5 Euros en
bons de réduction à valoir sur l'achat d'un cédérom scolaire de sa sélection
Rentrée 2006. La reprise physique des produits se situe au niveau du rayon
logithèque de chaque magasin FNAC.
La FNAC se charge de remettre les cédéroms scolaires collectés à Actions de
Solidarité Internationale, qui en disposera, dans le cadre de ses actions
caritatives (équipement de maisons de quartiers, d'Espaces Publics Numériques
Associatifs, d'hôpitaux).
Tag - fracture numerique
mercredi 30 août 2006
Rapporter ça rapporte, rapportez vos anciens cédéroms scolaires à la FNAC, ils seront redistribués par Action de Solidarité Internationale à des actions d'accompagnement scolaire
Par Jean-Luc Raymond le mercredi 30 août 2006, 12:15
mardi 29 août 2006
Fracture numérique d’utilisation de l’Internet en France et facteurs discriminants d’accès à l’Internet confirmés par l’enquête Ipsos Média Profiling
Par Jean-Luc Raymond le mardi 29 août 2006, 14:58
Ipsos Média (voir site)
a communiqué ce lundi les tendances de sa 17e enquête “Profiling” version
2006, baromètre semestriel concernant les habitudes média des
Français de 15 ans et plus (échantillon représentatif de la population
française interrogé par téléphone, complété par un questionnaire en ligne
auprès de sites partenaires).
VNuNet
reprend substantiellement l’information phare diffusée par Ipsos
Média avec l’article ”Plus de la moitié de la population française
est connectée à Internet” :
“La France compte aujourd’hui 26,9 millions d’internautes : plus d’un Français sur deux âgé de quinze ans ou plus est désormais connecté à Internet.”
Dans le même papier, la journaliste Sophie Fiévée relativise cet enthousiasme
:
“En un an, le taux de pénétration d’Internet a augmenté de 10 points, passant de 44,1% en juin 2005 à 54,6% en juin 2006. Une statistique à relativiser néanmoins, car Médiamétrie indique de son côté un taux de pénétration de 38,8% en France pour la fin du premier semestre 2006.”
Le Figaro, dans son édition du 29 août, donne un relief en panorama sur
l’enquête via l’article “Plus
d’un français sur deux surfe sur l’Internet“. Si l’on apprend que la
population féminine est plus encline à “surfer”, on retiendra la
confirmation de certains facteurs discriminants d’accès à l’internet (lieu de
vie, catégorie socioprofessionnelle et âge) :
“Les barrières du pouvoir d’achat et de l’âge demeurent. Les internautes se recrutent toujours plus nombreux parmi les catégories socioprofessionnelles aisées : les « CSP + » qui ne représentent que 11 % de la population, comptent 38 % des internautes.”
Easy Bourse
affine ces chiffres :
“En ce qui concerne les catégories socio-professionnelles (CSP), les CSP supérieures sont majoritaires avec 38 % d’internautes contre 29 % appartenant aux CSP-.”
La progression de connexion chez les séniors est notée par
01 Net :
“À noter une légère progression chez les seniors (plus de 50 ans) qui représentent désormais 22 % des internautes (contre 19 % auparavant).”
Ipsos-Média classe les usagers de l’internet en 7 profils
avec un vocable en anglais : “Master Développeurs” (5 %),
“Mass Downloaders” (9 %), “Traders” (6 %), “Companions” (9 %), “Chineurs” (16
%), “Passengers” (27 %), “Expectateurs” (29 %). Bien évidemment, les
utilisations d’Internet se croisent entre ces profils qui ne sont pas distincts
qu’il y paraît. La fracture numérique d’usages est visible dans ces profils :
“Expectateurs” et “Passengers” sont largement majoritaires dans la population
des internautes et peu aguerris dans leur autonomie et leur but d’utilisation
de l’Internet.
Dans leur ensemble, les médias français demeurent bien silencieux sur le volet
de ces internautes débutants et ne s’interrogent guère sur la population des
non-internautes qui reste un socle prégnant, dans notre pays.
Source :
Anonyme (29 août 2006). ”Web : 27 millions de français connectés” [En ligne], Easy Bourse, Chiffre du jour, Paris, 1 p. (Page consultée le 29 août 2006)
Fiévée, Sophie (29 août 2006). “Plus de la moitié de la population française est connectée à Internet” [En ligne], VNUnet, Paris, 1 p. (Page consultée le 29 août 2006)
Rédaction (29 août 2006). “La France compte 26,9 millions d’internautes” [En ligne], 01Net, Paris, 1 p. (Page consultée le 29 août 2006)
Renaud, Marie-Cécile (29 août 2006). “Plus d’un français sur deux surfe sur Internet” [En ligne], Le Figaro, Paris, 1 p. (Page consultée le 29 août 2006)
dimanche 20 août 2006
Daniel Thoulouze : le besoin de “relais” de la connaissance est donc crucial
Par Jean-Luc Raymond le dimanche 20 août 2006, 21:49
Daniel Thoulouze est directeur de recherche au C.N.R.S. et directeur du
Conservatoire National des Arts et Métiers (C.N.A.M.) à Paris. Dans le numéro
de juillet-août 2006 du Monde de
l'Éducation intitulé “Penser les savoirs du XXIe siècle”, Daniel Thoulouze
répond aux questions du journaliste Marc Dupuis.
Daniel Thoulouze s’exprime sur l’engouement pour les nouvelles technologies qui
ont envahi nos vies. En parallèle, on constate un dédain pour la culture
technique ; extraits :
“Quasiment absentes des voies générales, les technologies sont ce qu’on laisse à un élève qui semble ne pas présenter suffisamment de dispositions pour la conceptualisation… Il y a un enjeu d’intérêt national à enrayer la dévaluation de l’enseignement technique et à y voir une voie de réussite, parce qu’il y a des débouchés professionnels à la clef de cet enseignement et parce qu’il est un excellent instrument d’intégration : quel que soit leur milieu d’origine, tous les jeunes sont égaux devant les techniques. Dans leur vie, les jeunes, même les plus installés dans la réussite scolaire, sont très attirés par les techniques - portables, musique, sports -, qui reposent sur des prouesses technologiques. (…)
Plus les progrès sont intenses, moins l’accès de tous à un niveau utile de connaissance pour exercer son jugement est réaliste. Le besoin de “relais” de la connaissance est donc crucial. C’est là que les structures culturelles ont un rôle important à jouer de façon indépendante de l’enseignement. Il est urgent de rétablir la confiance dans les scientifiques et les ingénieurs, de mettre un terme aux polémiques sur les enjeux de l’avenir. On peut mieux faire comprendre aux citoyens les longs processus longs de la recherche et ses méthodes de travail pour redonner de la grandeur au débat scientifique.
L’histoire des techniques est importante. Elle permet de retracer toute la richesse de l’inventivité humaine, de faire comprendre que les innovations naissent dans des sociétés qui savent les favoriser, que les progrès ne tombent pas du ciel et que toujours, c’est l’homme qui est derrière.”
Source :
Dupuis, Marc (juin-juillet 2006). "Daniel Thoulouze : “Montrer et surtout expérimenter”", Le Monde de l’Éducation, Paris, n°349, pp. 50-51
Guide pratique sur les Espaces Publics Numériques en Hongrie : “Telecottage Handbook: How to establish and run a successful telecentre”
Par Jean-Luc Raymond le dimanche 20 août 2006, 21:45
Le Programme des Nations Unies pour le Développement (U.N.D.P. - United
Nations Development Program) vient de publier un guide - vademecum en
anglais sur l’expérience hongroise des telecottages hongrois (équivalents
de nos Espaces Publics Numériques français, voir le site Telehaz.hu) : “Telecottage Handbook: How to
establish and run a successful telecentre” (en .pdf, 90 pages,
à télécharger à cette adresse) dans une dynamique de faciliter le
développement de télécentres et d’EPN en se posant des questions sur le montage
du projet : gestion du projet en amont, idées d’activités à développer,
questions financières à prendre en compte, indicateurs des effets de leviers
créés par la fréquentation des telecottages.
Le point fort de ce guide pratique est d’insister sur les bénéfices locaux de
l’implantation d’un telecottage en terme de dynamiques citoyennes
participatives, d’administration électronique, de développement économique. Des
bonnes pratiques sont présentées tout au long de ce guide, agrémenté de
tableaux récapitulatifs et points explicatifs.
Ce guide est à compléter par un document pratique (livre d’exercices de 30
pages, à
télécharger en document Word) co-écrit par Matyas Gaspar (fondateur du
1er telecottage en Hongrie en 1996, et actuel président de l’Europen Union of
Telecottage Association, E.U.T.A. à Budapest), Eva Bernat et Peter Palvolgyi :
“How community telecentres serve local development - guide for local
practitionners” (Comment les Espaces Publics Numériques peuvent contribuer au
développement local - guide pour les acteurs de terrain) qui aide à l’analyse
des pratiques et de l’environnement d’un Espace Public Numérique dans le cadre
d’une création d’E.P.N. ou d’une redéfinition de projet.
Source :
Misnikov, Yuri (June 2006). Telecottage Handbook: How to establish and run a successful telecentre. A practical guide for community development practitioners on strategies for ICT-enabled community empowerment (based on the Hungarian telecottage movement experience) [En ligne], Collection How to Build Open Information Societies, UNDP Regional Bureau for Europe and the Commonwealth of Independent States, Bratislava, 1 p. (Page consultée le 20 août 2006)
samedi 19 août 2006
Chantier de solidarité numérique Nord-Sud : création d’un Espace Public Numérique à Hamady Ounaré (Sénégal)
Par Jean-Luc Raymond le samedi 19 août 2006, 19:50
A l’initiative de l’Union des Travailleurs Sénégalais en France (section de
Champigny-sur-Marne, Val-de-Marne), une dizaine de jeunes du quartier du
Bois-l’Abbé (Chennevières-sur-Marne, Champigny-sur-Marne) sont partis en
vacances jusqu’au 2 septembre, dans le cadre d’un chantier de solidarité
numérique au Sénégal. Ils sont en train d’aménager un centre internet / espace
public numérique dans le village de Hamady Ounaré (région de Matam).
Plus de 10 ordinateurs dotés d’une connexion internet et des téléphones sont
mis à disposition des habitants dans le cadre de ce chantier et les jeunes du
Bois l’Abbé vont initier les villageois et les élèves de l’école à
l’informatique.
Sont partenaires de ce chantier de solidarité numérique : la ville de
Champigny-sur-Marne, l’Immobilière 3F, le Conseil Général du Val-de-Marne,
l’État (via la politique de la Ville) et l’association des ressortissants de
Hamady Nouaré.
mercredi 9 août 2006
Utilisation d’internet par les personnes à la rue, sans domicile fixe
Par Jean-Luc Raymond le mercredi 9 août 2006, 21:51
Dans un remarquable article pour le quotidien Le Monde (mercredi 9 août 2006) : “Arthur, Le campeur du pont Marie”, le journaliste Yves Eudes conte le parcours et la vie de Arthur (”électricien à Varsovie, venu tenter sa chance en France ; il y a vécu quelques belles années avant de se retrouver à la rue”… à Paris).
Dans l’histoire d’Arthur en France, l’accès à l’Internet a joué un double rôle ; celui d’une arnaque tout d’abord :
“Fin 2003, Arthur, qui surfe souvent sur Internet, reçoit par e-mail une proposition commerciale : un promoteur cherche des sous-traitants pour construire tout un lotissement de pavillons. Pour entrer dans l’affaire, il suffit d’investir 1 000 euros. Aussitôt, il envoie un chèque et souscrit un prêt bancaire de 35 000 euros pour acheter du matériel. Puis il attend, mais rien ne vient. Quand il va se renseigner à l’adresse indiquée sur Internet, il découvre que le promoteur n’existe pas : “Une arnaque toute simple, comment ai-je pu être aussi naïf, aussi con ? J’avais confiance en la France.”"
Vivant dans la rue, sous le pont Marie, à Paris, en plein hiver, l’accès public
à l’Internet, lui a sauvé la vie, en quelque sorte :
“Après avoir passé un hiver épouvantable, recroquevillés à quatre sur un seul matelas, ils réussissent à obtenir des tentes : “Quand on a entendu dire que Médecins du monde distribuait des tentes, je suis allé à la bibliothèque de Beaubourg pour leur envoyer un e-mail, et ensuite on est allé les voir. Ils nous ont fait attendre deux mois, mais une nuit, ils ont débarqué avec les tentes. Notre vie a changé d’un seul coup : maintenant on a un chez-nous, comme un petit village. On est protégé, on a un peu d’intimité, on se repose mieux. C’est aussi un endroit pour laisser nos affaires, c’est essentiel.” Depuis, ils vivent dans la hantise d’être expulsés : “On organise des tours de garde. L’un de nous doit toujours rester près des tentes pour les surveiller, pour empêcher les services municipaux ou la police de profiter de notre absence pour tout jeter à la Seine.”
L’Internet n’est pas salvateur mais le besoin d’informations utiles est
souligné par les pratiques de certains usagers à la rue fréquentant des espaces
multimédias gratuits à Paris. Encore faut-il être capable de localiser les
infos nécessaires à leurs besoins et à leurs envies et à accompagner ces
personnes dans un parcours d’apprentissage des technologies. Aussi, il ne faut
pas choisir les champs d’utilisation de l’ordinateur et de l’Internet à la
place de ces publics.
En parallèle, aux États-Unis, le célèbre blogueur sans domicile fixe
(”homeless”) Kevin Barbieux qui s’est lui-même surnommé “The
Homeless Guy” (consulter son
blog) vient de créer
une page de vente sur eBay sur un mode décalé : il souhaite mettre en
vente des objets ayant trait à son statut de SDF et débute par
la mise aux enchères de sa carte lui ayant permis de se nourrir à Las
Vegas.
En juillet dernier, Kevin Barbieux a créé un second blog Cheap Advice où il répond à des
questions moyennant de toutes petites sommes versées sur un compte PayPal concernant la vie dans la rue ou les
services sociaux. Kevin Barbieux, “l’expert”, cherche à partager son
savoir et ses connaissances des services d’aides avec les internautes ; une
idée judicieuse.
Source :
Eudes, Yves (9 août 2006). “Arthur, Le campeur du pont Marie” [En ligne], Le Monde, Paris, p.10 (Page consultée le 9 août 2006)
mardi 8 août 2006
Podcasting de services publics locaux : quelques exemples type d’utilisation et un portail local citoyen de podcasts
Par Jean-Luc Raymond le mardi 8 août 2006, 18:13
Est-ce un nouveau canal de communication intégré pour les sites Internet locaux de services publics ? On connait l’utilisation du podcasting ou balladodiffusion (”moyen habituellement gratuit de diffusion de fichiers audio ou vidéo sur Internet”) à partir de sites publics locaux pour :
- la rediffusion de conseils municipaux (à Fontenay-sous-Bois, France),
- un mini-journal local audio à diffusion régulière, hebdomadaire (informations municipales, sports et interviews, à Warren, Michigan, États-Unis… avec même un videopodcast sur le même thème),
- des infos mensuelles (agenda avec un axe très loisirs et culture, à Issy-les-Moulineaux, France),
- des nouvelles plus ou moins régulières avec une thématique différente traitée à chaque fois (à Boston, États-Unis),
- des podcasts audio et vidéos couvrant une actualité saisonnière (l’été, à Montélimar, France),
- des podcasts culturels facilitant la découverte et la visite d’un lieu (comme ceux du Musée Historique de la Ville de Haguenau, France).
Phénomène intéressant, certains citoyens et associations locales se
regroupent pour créer des portails locaux de podcasts thématiques sous la forme
d’un réseau structuré comme celui de Charlottesville (Virginie,
États-Unis) : Charlottesville
Podcasting Network. Il est question de sports, arts, politique, discours
locaux, documentaires audio, critiques de films… Ce portail fourre-tout
existe depuis avril 2005 et des bénévoles assurent une initiation et une
formation audio pour que des citoyens découvrent comment manier le son sur
Internet dans le but de les faire devenir des podcasteurs en herbe.
En Grande-Bretagne, le site Internet public du Lincolnshire County Council
va plus loin avec des podcasts
proposant les dernières nouvelles du Comté, un agenda et les offres d’emplois
administratifs du Comté.
Va-t-on assister dans les prochains mois à une généralisation de podcasts
offrant de nouveaux services à la population ? C’est une question majeure. Le
podcasting peut aussi faciliter la vie de citoyens faiblement alphabétisés ;
les services publics devraient s’atteler à cet aspect d’une administration en
ligne plus respectueuse de la diversité des profils des publics.
lundi 7 août 2006
Serge Proulx et Johanne Saint-Charles : “L’appropriation personnelle d’une innovation : le cas d’Internet” et l’appropriation de la culture technique chez les usagers débutants
Par Jean-Luc Raymond le lundi 7 août 2006, 23:25
Dans un article passionnant et synthétique de 2004 pour un
numéro de la revue scientifique Informations Sociales sur le Destin
des innovations, intitulé “L’appropriation personnelle d’une innovation : le
cas d’Internet” (6 pages
téléchargeables en .pdf), les chercheurs québécois Serge Proulx
et Johanne Saint-Charles décrivent à partir d’un échantillon qualitatif
stratifié de 48 usagers adultes de l’Internet (exposés ou non à la culture
informatique) des trajectoires d’appropriation de l’innovation Internet de
manière à bien l’intégrer dans leurs pratiques quotidiennes. Ils s’attachent
“au rôle des réseaux personnels (constituant l’entourage des usagers) dans
l’appropriation d’Internet : amis, famille, collègues à l’école ou au travail,
appuis fournis par la fréquentation des réseaux en ligne”.
Dans une dernière partie, Serge Proulx et Johanne Saint-Charles
s’intéressent à l’appropriation de la culture technique, en particulier chez
les usagers débutants ; extrait :
“Nous avions décidé de distinguer a priori entre le groupe des “usagers débutants”, des “usagers intermédiaires” et le groupe des “usagers avancés” : au fil de l’enquête, nous avons éprouvé une certaine difficulté avec cette catégorisation. En effet, la plupart des répondants avaient tendance à se situer eux-mêmes dans la catégorie des “usagers intermédiaires”. Cette catégorisation ne permettait peut-être pas suffisamment de discriminer entre les pratiques consistant à simplement faire usage de logiciels (c’est le cas le plus souvent en bureautique, par exemple) et les pratiques liées à la programmation (l’informatique proprement dite). Il s’agit en fait de deux types distincts d’expertise : par exemple, un usager peut être un expert dans l’usage d’un logiciel spécialisé tout en étant en même temps ignare en programmation informatique. Et la proposition symétrique est tout aussi vraie.
D’autres usagers – à plusieurs reprises, il s’agissait de personnes moins scolarisées quoique ce genre de récits s’est retrouvé aussi dans toutes les catégories de répondants – marquaient unfort intérêt pour la quincaillerie informatique (exemples : comparaison des possibilités de performance technique de tel ordinateur vis-à-vis de tel autre ; plaisir éprouvé à monter et démonter un ordinateur personnel) sans pour autant s’intéresser vraiment à des logiciels particuliers et à l’usage effectif de ces logiciels dans leurs pratiques quotidiennes. Comme si, pour plusieurs personnes, l’ordinateur exerçait un intérêt mais, en même temps, ils ne savaient pas trop comment ils pouvaient l’utiliser (dans leur pratique quotidienne, ils n’écrivent pas; ils ne ressentent pas le besoin de faire des recherches avec Internet, etc.). Le plaisir que ce type d’usagers éprouvent serait lié au monde de l’informatique et des logiciels comme un monde à découvrir en soi, indépendamment des usages effectifs que l’on pourrait développer. Parmi ces usagers, nous retrouvons ceux et celles qui développent une attitude exploratoire et ludique face au monde de l’informatique (par opposition à un usage de l’ordinateur comme outil) : ainsi, certains désirent avoir accès à tel nouveau logiciel de manière à pouvoir l’explorer de toutes les manières. Suite à cette exploration relativement rapide, ils chercheront de nouveaux logiciels à découvrir, simplement pour le plaisir de la découverte. Dans une recherche précédente, nous avions désigné cette catégorie d’utilisateurs comme les usagers ludiques en opposition à la catégorie des usagers utilitaires qui se servent de l’ordinateur comme un outil à l’intérieur d’une pratique (…). Ces derniers auront tendance à utiliser le même logiciel pendant plusieurs années sans éprouver le désir d’en changer. Nous avons retrouvé plus fréquemment des usagers ludiques parmi les hommes et parmi les répondants les moins scolarisés. Il serait intéressant d’approfondir cette hypothèse dans une perspective diachronique : alors que les usagers plus jeunes ont vécu l’informatique comme un “donné” rapidement banalisé – un peu comme le téléphone pour la génération précédente – les usagers de plus de 30 ans ont appréhendé progressivement l’univers de l’informatique comme un nouveau monde à découvrir et à explorer, parfois par le jeu, parfois sur les lieux du travail.”
Source :
Proulx, Serge et Saint-Charles, Johanne (2004). “L’appropriation personnelle d’une innovation : le cas d’Internet” [En ligne], in Informations Sociales, n°116, Le Destin des innovations, Caisse Nationale des Allocations Familiales, Paris, 6 p. (Page consultée le 8 août 2006)
CF2M à Bruxelles et ENDA Graf à Dakar : Projet Réemploi informatique
Par Jean-Luc Raymond le lundi 7 août 2006, 21:27
Avant de travailler dans les Technologies de l’Information et de la
Communication, Bernard Goffinet était assistant social. Il fut aussi chercheur
en sociologie. En 1988, il rejoint le CF2M (Centre de Formation 2 Mille,
voir le site), une ASBL établie à Bruxelles
créée par des Marocains d’un quartier populaire. L’association se démarque
alors en mettant en place des actions d’insertion par l’emploi dans le domaine
de l’imprimerie.
Dès 1998, CF2M s’engage dans un partenariat fructueux avec l’O.N.G.
sénégalaise ENDA GRAF (ENDA Groupes Recherches Actions Formations, voir le site) où une imprimerie déménage. Mais
Bernard Goffinet désire aller plus loin. Avec l’équipe de CF2M, il récupère des
ordinateurs ne fonctionnant plus sur le territoire belge, les répare et les
envoie au Sénégal, ENDA GRAF assurant uniquement le prix de la
main-d’oeuvre utilisée en Belgique. Résultat : un PC ainsi réparé coûte 50 %
moins cher qu’un ordinateur à l’achat au Sénégal. En outre, ENDA
GRAF revend ces ordinateurs à 75 % du prix du marché. Plusieurs personnes
peuvent ainsi vivre de cette activité à Daklar et 7 techniciens
informatiques originaires d’Afrique (Mozambique, Togo,
Maroc, Burundi…). Description résumée de l’initiative :
“Le projet “Banlieues-Dakar” vise l’envoi de matériel informatique déclassé, de logiciels et de compétences de maintenance, permettant la mise en place de réseaux d’échange avec des initiatives locales (coopératives d’habitat, groupes de socio-alphabétisation…) soutenues par des ONG.
Le projet à Bruxelles vise quant à lui le soutien des ASBL sous-équipées en leur offrant du matériel informatique. En nous cédant votre matériel, vous participez au renforcement de projets dans les quartiers populaires de Lomé, Dakar, Kinshasa, Oujda et au soutien de projets pédagogiques, culturels et sociaux à Bruxelles.”
Bernard Goffinet de CF2M déclarait en 2002 :
“On constate que dans nos pays le matériel est vite obsolète, mais qu’il peut être très utile dans les associations de quartiers : une connexion et un ordinateur installé en réseau servent à environ vingt associations différentes, augmenter l’efficacité des groupes dans les quartiers. Il fonctionne même la nuit. À Dakar, beaucoup de personnes ont une adresse e-mail même si elles n’ont pas d’ordinateur. Il y a une grande pratique d’Internet. Cette information relativise la notion de fracture numérique qui n’est pas toujours le fait d’un public pauvre. Il y a autant de fracture numérique chez nos stagiaires [à Bruxelles] qu’à Dakar. Enda développe des contenus populaires et effectue des échanges avec des universitaires sur des propositions de solutions à leurs problèmes de quartier. (…)
Les TIC doivent permettre de parler autrement des problèmes. Il fait le constat qu’il y a peu d’originalité de la parole et que la parole est peu donnée au public (…) Les TIC sont un moyen de favoriser la prise de parole des gens, l’expression de contenus spécifiques, et les aspects techniques doivent passer au second plan.”
Pour que ce projet entre CF2M et ENDA GRAF soit mené à bien, un pacte
engage les deux partenaires avec notamment une traçabilité des PC destinés
uniquement aux associations locales, l’interdiction de les revendre au secteur
privé ou à des particuliers.
Éthique et autonomie de gestion sont 2 pièces maîtresses de ce programme
s’inscrivant dans une démarche d’économie sociale et solidaire…
numériquement!
Contact : CF2M ASBL, rue Berthelot 114/116, 1190 Forest, Belgique. Tél. : 02
539 03 60.
Source :
Collectif (août 2006). CF2M - Centre de formation 2 mille [En ligne], ASBL CF2M, Forest, Belgique, Site (Page consultée le 7 août 2006).
François Zimmermann : “La génération des astucieux” : “J’e-pense donc j’e-suis”
Par Jean-Luc Raymond le lundi 7 août 2006, 17:16
François Zimmermann, réalisateur de films d’entreprise, de cédéroms de formation et spécialiste de la communication d’entreprise s’interroge en 20 chapitres dans son ouvrage “La Génération des astucieux” (aux Éditions Le Manuscrit, voir cette page et aussi celle-là) sur les usages quotidiens de l’internet en évoquant l’ambivalence des discours dominants sur les nouvelles technologies.
François Zimmermann présente ainsi son livre :
“Les médias modifient l’homme qui modifie les médias. Le Net a pulvérisé l’espace temps en nous amenant à fonctionner en “tout, tout de suite, que pour moi”. Les gourous qui ne manquent pas de discourir sur le net sont sûrs de se tromper avec un média en perpétuelle mutation.”
Extrait du chapitre sur le thème : “L’éducation, c’est le groupe, le “e” c’est
l’individuel, l’hiatus” :
“Parlerions-nous modem subitement ? Si oui, alors nos dictionnaires, Baudelaire, Ferré, Flaubert, Aristote, Proust, et autres rimailleurs mourraient une deuxième fois, effacés, par des zéros et des uns. Autrefois, les bibliothèques faisaient l’admiration, la préciosité, l’oeuvre d’un savoir, d’une érudition. Avec l’accélération du temps, on stocke sur des surfaces de plus en plus petites, des oeuvres qui bientôt ne seront plus assez nombreuses. On range le tout dans des boîtes en plastique. Mais stocker n’est pas accéder. Voir du lettrage défiler sur un écran n’est pas lire. Voir n’est pas lire, apercevoir n’est pas apprendre. Une histoire de sentiment avec ses émotions et ses surprises, compilée de la sorte ne représente plus grand intérêt. On stocke par manie, par peur de perdre des éléments qu’on ne lira jamais, pas assez de temps, trop de choses à graver. Plus on veut de la mémoire dans nos machines, plus on perd la tête dans nos têtes. Voir des principes de physique ou de chimie s’animer en trois dimensions ne mute pas la démonstration en données acquises. Le temps a transformé l’acquisition en voyeurisme béat. Suffirait-il d’avoir vu quelque chose pour l’avoir intégré.
La connaissance qui est la transformation de l’information en savoir, la connaissance se satisfera-t-elle que des gigas octets prennent racine dans nos têtes de démos toujours plus curieux, avides de savoir ? Les machines dupliquent, l’imprimerie diffuse, les rotatives dispersent les infos, la télévision les diffuse en boucle pour mieux les rendre crédibles, la radio bégaie à longueur de flash si bien que parfois on a l’impression d’avoir eu accès à l’événement avant qu’il ne se produise. Mais les machines enseignent-elles ? Oui, peut-être, mais en se basant sur des simulations. Elles décrivent, médiatisent des théories, de là à attendre qu’elles remplacent un expert ou un professeur, il y a un mensonge, une supercherie qu’il faut s’empêcher de valider.”
Source :
Zimmermann, François (2005). La Génération des astucieux, Éditions Le Manuscrit, Paris, pp.149-150
« billets précédents - page 8 de 12 - billets suivants »