L'association
des EPNologues publie 4 travaux d'étudiants du Master 2 CGNPT
(Université Paris 10 Nanterre) très intéressants sur l'accès public en
Afrique ; une perception de la réalité de l'appropriation des technologies via
des expériences différentes et enrichissantes du point de
vue humain et pédagogique :
Au Mali, un état des lieux des TIC et des usages diversifiés des
technologies
Loïc Baron (Septembre 2006), "Etude des TIC au Mali, lors du Forum Social
Mondial 2006. Projet : De l'Ilot Bamako en collaboration avec
l'association GNTM de
Saint-Denis" (à télécharger ici en .pdf, 72 pages). Au coeur de ce projet,
un travail avec un Espace Public Numérique de Saint-Denis (93) permettant à des
jeunes du quartier de se rendre au Forum Social Mondial à Bamako (Mali). Un
voyage d'études illustré fait un état des lieux de l'accès public à
l'Internet au Mali, des utilisations de l'Internet par les Maliens. Extrait
:
"Utilisation du GSM dans le désert. Mohamed possède quelques
chameaux et un troupeau de chèvres. C'est un Touareg nomade. Mais le seul
élevage ne permet pas de vivre convenablement. Sa femme et lui réalisent des
objets d’artisanat. Ils invitent des touristes en ballade à dos de chameau qui
passent quelques nuits dans leur campement. Ces activités touristiques leur
permettent d'acheter en ville des produits de première nécessité. Mais
l'arrivée du GSM a considérablement modifié leur mode de vie. En effet,
depuis
que Mohamed a acheté un téléphone portable, ils peuvent recevoir des coups de
téléphones venant de Tombouctou ville. Ces appels sont ceux de partenaires de
Tombouctou qui leur indique l'arrivée de touristes qui souhaitent partir en
expédition
dans le désert. Mais la couverture GSM est limitée autour de la ville de
Tombouctou. Les touaregs impliqués dans l'activité touristique établissent donc
leur campement en fonction de ce nouveau paramètre : être à portée du
réseau de téléphonie mobile."
A Dakar, citoyenneté numérique et administration en
ligne
Abdoul Aziz Wane (Septembre 2005). "Autre Mairie de Dakar : Audit des
Espaces Publics d'Accès Internet : Utilisation des TICs pour une qualité de
service public et de bonne gouvernance locale" (à télécharger
ici en .pdf, 114 pages). Ce mémoire s'intéresse à la réalité de
l'accès public à Internet à Dakar avant de dégager les enjeux des TIC de
l'administration locale et d'entrevoir un programme d'actions global par la
mairie de Dakar d'appropriation de l'internet, auprès des citoyens de la
capitale du Sénégal. Abdoul Aziz Wane dresse une typologie des publics menacés
d'exclusion numérique :
"D'après les témoignages recueillis auprès des populations aux alentours
des CyberCentres et chez les particuliers (pères et mères de familles), il a
été constaté que quelques sous-groupes de la population Dakaroise sont
significativement en
marge d'Internet :
- la tranche d'âge des 50 ans et plus (90% de non-utilisateurs),
- ceux qui n'ont pas de diplôme du secondaire (79% de non-utilisateurs),
- ceux qui n'ont pas d'activité professionnelle et ne sont pas demandeurs
d'emploi (62% de non-utilisateurs),
Dans une moindre mesure :
- les chômeurs (49% de non-utilisateurs),
- les ouvriers (49% de non-utilisateurs)."
Espaces Numériques Scolaires au Sénégal : pluralité
d'expériences
Maty Diallo / Dia (Septembre 2005) "Accès au grand public des Espaces
Numériques Scolaires au Sénégal : Situation actuelle et perspectives"
(à
télécharger ici en .pdf, 97 pages). Ce mémoire de fin d'études dresse
un panorama des ENS (Espaces Numériques Scolaires) au Sénégal, des lieux
qui sont soit le fait d'une initiative interne (projet d'école ou
d'établissement ou encore dans le cadre de partenariat Nord-Sud), soit nés sous
l'impulsion des Autorités du Ministère de l'Education ou des Collectivités
locales dans le cadre de la décentralisation. Par une méthodologie d'enquête
quantitative et qualitative, Maty Diallo / Dia présente la pluralité des
approches et des usages en ENS. Dans sa conclusion, il propose des axes de
développement pragmatiques :
"Dans le même sens, les Pouvoirs locaux pourraient, toujours en
relation avec les ONG, les mouvements associatifs, les artisans, pêcheurs,
automobilistes, agriculteurs, les commerçants, etc., initier et promouvoir le
développement de cyber-écoles. L'idée serait d'utiliser la puissance des TIC
dans les ENS au service de la communauté, afin de mettre en commun les
expériences et les activités des groupes socioprofessionnels, dans le but d'une
mutualisation des moyens. Ces cyber-écoles, relativement bien implantées,
pourraient permettre de faire face aux frais financiers qu'occasionnent
aujourd'hui la construction tout azimut de cybercafés et dont les coûts sont
souvent de portée des possibilités des habitants. Compte tenu de ce facteur
limitant, la mutualisation envisagée pourrait se faire dans le cadre de salles
multimédias qui regrouperaient
l'essentiel des moyens informatiques et de communication. Afin d'assurer la
pérennisation du projet, il peut être prévu un couplage avec des activités de
services telles que l'animation d'un cybercafé, la formation, la vente de
produits locaux (artisanat, tourisme) en ligne, la réalisation de sites Web
pour les PME locales, etc."
E-formation et formation au Burkina-Faso via des Espaces Publics Numériques en
réseau
Emmanuel Tassr Sawadogo (Septembre 2005). "Offre de e-formation en milieu
rural au Burkina Faso : Etude de faisabilité d'un projet pilote" (à
télécharger ici en .pdf, 79 pages). L'objectif principal de ce projet
est la construction d'une offre de e-formation et d'information pour le
développement aux communautés rurales du territoire du Sanmatenga, une des 45
provinces du Burkina Faso, en partenariat avec InFoDev (structure de formation
et d'information au Burkina). Le mémoire est présenté sous la forme d'une
gestion de projet technique. A propos des publics concernés :
"Le choix d'InFoDev de s'intéresser au monde rural prédéfinit les
publics cible du projet qui prend désormais le nom de Projet Sanem. En effet,
les zones rurales sont constituées presque exclusivement de petits agriculteurs
et d'éleveurs. Ces deux secteurs d'activités occupent 85% de la population du
Burkina Faso et, paradoxalement, il n'y a pas d’offre de formation
structurée pour ces publics ; ce qui donne déjà à ce projet son caractère
innovant. Ce caractère innovant du projet justifie d'ailleurs l'enquête menée
pour dresser le relevé des besoins en formation et en information spécifiques à
ce milieu. La politique d'InFoDev, le porteur du présent projet, est d'utiliser
la médiation de l'ordinateur dans une série d'offres de formation en direction
de ces publics localisés dans la province du Sanmatenga dans la perspective
d'un développement humain durable et d'éviter les supports non interactifs à
quotient phatique médiocre (...) En terme de disponibilité, les deux saisons
qui s'alternent dans le pays rythment la vie : la saison des pluies ou
hivernage, qui s'étend de mi-mai à mi-octobre est la période et pendant
laquelle la totalité des populations rurales sont sollicitées à temps plein
dans les travaux champêtres. En revanche, la saison sèche, qui va de la
mi-octobre à la première moitié du mois de mai est une période sans activités
majeures et offre donc une plage temporelle de disponibilité des publics pour
s’impliquer dans d'éventuelles formations."